Découverte autorisée

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Les élèves de la filière S du lycée Saint Paul de Charleville sont allés à la rencontre, le vendredi 26 septembre, de spécialistes qui étalent leur science en toute simplicité.
Des vulgarisateurs de masse qui haranguent les foules en leur disant : « n’ayez pas peur ! ».
Où les trouve-t-on ces prophètes de bonheur ? Tout simplement au Palais de Découverte, non loin de la Concorde à Paris, 75. Dépassé, vieillot, racorni le Palais de la Découverte ? Certainement pas ! Si ses illustres murs rappellent l’exposition universelle qui les a enfantés en l’an de grâce 1937, son contenu a su tourner de nombreuses pages pour se mettre à la bonne, l’actuelle. Ah, ils ont connu des époques plus porteuses que la nôtre, empêtrée dans la notion de progrès.
• La science causera-t-elle notre perte ?
• Faut-il la suspecter de tous les maux, toutes les compromissions ?
• Ou, au contraire, appelle-t-elle des lendemains qui chantent avec une jolie voix de synthèse ?

Le Palais de la Découverte permet de s’éclaircir les idées, à ce sujet, dans une ambiance bon enfant, mais associée à la rigueur nécessaire à ce type de démonstration. Prenez par exemple l’électricité, d’imposantes machines nickelées, des câbles gros comme le pouce et cadran d’affichage du voltage comptant jusqu’à cinq décimales. Ajoutez-y cinquante bambins survoltés, tendus comme les supporters d’une équipe sportive à la limite de la relégation. Secouez bien les gradins du petit amphi, puis abaissez le commutateur… Elle le fait, armée d’une électrode-éperon digne des plus fantasques films de cape et d’épée et afflige aux deux demoiselles cobayes perchées sur une sorte de plateforme futuriste des années cinquante une décharge électrique de 300000 volts ! Electrocutées, carbonisées, réduites ; les Jivaros dans la ville ! Que nenni. Intactes. Elles s’obstinent même à porter cette improbable coupe de cheveux à la « j’ai vu le diable y’a pas plus de cinq minutes», toute production capillaire dehors, dressée, hirsute. La démonstratrice, en bonne professionnelle qui se respecte nous explique la différence capitale séparant l’électrocuté et l’électrisé, tout en expédiant deux trois arcs bleutés et soniques vers les fillettes. Le courant passe, suivi de près d’un ange, comme le veut la formule, ici scientifique.

Ensuite, ils se sont essayés aux diverses expériences peuplant le dôme : pendule de Foucault, illusions d’optique, chimie, mécanique, animaux exotiques… Plus tard, une conférencière les a éveillées aux cellules souches : « vieillesse ennemie, sort de ma vie ! ». Le final a consisté en une découverte des illusions sensorielles, ou comment se laisser abuser par ses cinq sens : nuances de gris sur fond gris, balaise ! Proprioception, le sixième sens qui te situe dans l’espace. Pas évident à expliquer, alors le monsieur a demandé à Guillaume de venir se tenir sur un pied, puis de fermer les yeux sur le monde affreux qui nous entoure. Il n’a pas tenu plus de dix secondes, non pas par curiosité malsaine, mais par perte de ses repères sensoriels.
Le chauffeur, lui, n’avait pas perdu les siens, puisqu’il nous attendait ainsi que son bus pour un retour sous le soleil. En résumé, une escapade pas déplaisante agrémentée d’un plaidoyer pour la science, qui devrait normalement cheminer dans l’esprit ouvert et optimiste de nos élèves.